L’observateur observé

Les Kényans ont beau être indépendants depuis près de 50 ans, ils s’intéressent aux faits et gestes de leur ancienne puissance coloniale. Les élections très serrées en Grande-Bretagne et les âpres négociations entre Tories et Libéraux démocrates (les « LibDem ») pour former un gouvernement sont ici suivies de près.

Un député Kényan faisait ainsi partie d’une délégation de onze observateurs du Commonwealth venus contrôler la régularité du scrutin britannique. Une première à ma connaissance, puisque d’habitude ce sont plutôt les élections au Kosovo ou au Zimbabwe qui sont « observées » ! Et les membres de cette délégation ne se sont pas privés d’épingler certains travers de la pourtant vénérable démocratie britannique.

« Le système britannique est le plus corruptible du monde », a jugé le député Kényan, qui s’est dit « stupéfait » par le fait que tout y repose sur la « confiance ». Le point le plus sidérant pour ce député est que les électeurs n’ont pas à prouver leur identité avant de voter (et pour cause, sauf erreur de ma part les Britanniques n’ont aucune obligation d’avoir une carte d’identité). « Au Sierra Leone, vous devez montrer votre carte d’identité et aussi laisser votre empreinte digitale », a renchéri l’observatrice Sierra léonaise.

Autres critiques lancées à l’ancienne puissance coloniale: le manque de contrôle des votes par correspondance et la mauvaise organisation des bureaux de vote. Malgré de longues heures d’attente, des milliers d’électeurs n’ont pas pu glisser leur bulletin dans l’urne.
« Le Kenya n’est peut-etre pas un parangon de démocratie, mais nous pouvons offrir à la Grande Bretagne quelques suggestions utiles », a ironisé le député Kényan, avant de suggérer aux Britanniques d’embaucher la prochaine fois suffisamment de personnes pour tenir les bureaux de vote, « afin que chaque électeur puisse voter ».

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